Critique : Généalogiste multitâches

Introduction

Si la généalogie est depuis quelques temps un loisir, un passe-temps, un défouloir, pour un grand nombre de français, il n’en demeure pas moins, toutefois, qu’il faut bien, à un moment ou à un autre, présenter les résultats de son travail aux personnes qui ont sollicité notre intervention. De fait, et même si vous ne travaillez pas pour un tiers, il va bien falloir, à moins que nous n’existiez que dans la case passe-temps ou défouloir, présenter quelque chose.

L’arbre est bien sûr le produit phare du généalogiste. Présenté sous forme d’un joli dessin sur une feuille A4 sortie en droite ligne de son imprimante grâce au logiciel GeneaTruc, il est le catalyseur des discussions de fin de repas familial, même si la tante Juliette râle parce que c’est écrit trop petit ! Las vous ferez mieux la prochaine fois en scotchant bout à bout une vingtaine de feuilles que vous aurez du mal à déplier sur la table familiale (attention aux taches de gras et de vin !). Faire appel aux services d’une tierce personne est plus compliquée, peu de gens manipulent les fichiers généalogiques pour en tirer des arbres lisibles … il s’en trouve toutefois : Google est votre ami (et votre serviteur avant tout !). Mais un peu de persévérance dans l’apprentissage de quelques outils tel que votre logiciel GeneaTruc lié à quelque logiciel de PAO vous permettront de créer un fichier acceptable par un grand nombre d’imprimeurs. Faites un tour sur la création de documents grand format, vous serez surpris ! Et les tarifs valent vraiment le coup.

Mais l’arbre ce n’est pas la famille, et c’est loin de représenter l’Histoire familiale. Comment retracer le parcours militaire du grand-père sur un arbre ? Cela deviendrait rapidement illisible et inutilisable. Il faut donc franchir l’étape de la création littéraire.

Et là, ce n’est pas triste comme disait ma parigote de grand-mère. On en arrive à se demander si le correcteur d’orthographe de certains logiciels ne le fait pas exprès ! Le massacre linguistique est en route. Alors que de nombreux logiciels généalogiques, tout du moins ceux qui sont à peu près bien faits, proposent des compositions pré-machées et sans trop de fautes, on continue à voir des productions pour lesquelles l’auteur n’aurait certainement pas obtenu le tant convoité par nos ancêtres Certificat d’Études. Et la foule de s’extasier du magnifique travail généalogique accompli ! Molière, arrête de te retourner …

Un petit effort serait vraiment le bienvenu dans ce domaine, surtout au vu de tous les outils de corrections dont nous disposons de nos jours. Pensez à faire relire et à demander l’avis d’un tiers, un vrai, un pur, un dur.

Mais avant de passer aux corrections il est une étape pour laquelle j’en viens à me demander si elle fait partie d’une quelconque réflexion du généalogiste : « Que vais-je mettre dans mon oeuvre ? » Si j’ai vu passer des généalogies faites par des « grands » de la discipline, comportant une dizaine de pages et vous faisant espérer que votre grand-père fait partie d’une lignée de paysans fort connue au XVe siècle dans le haut Nivernais, à des prix prohibitifs, le contraire est tout aussi terrible. En effet, se farcir 200 pages sur la vie et les moeurs de trois générations, cela tient soit d’un futur Balzac ou Zola, soit du spécialiste en copié-collé. Si l’un des ancêtres était taffetassier à Saint-Julien-des-Rosiers, vous avez droit à trente pages sur le taffetassier, les métiers annexes, les tisserands dans le Gard et l’exportation outre-atlantique, mais également l’histoire de Saint-Julien-des-Rosiers depuis la fin du Pliocène (ah quand même !).

Un bon plan, des chapitres précis, des informations en liaison avec la famille, des généalogies claires, des tableaux et des arbres sectorisés, des anecdotes et des histoires familiales sont autrement plus intéressants que vingt pages sur le ver à soie (quand ce n’est pas le verre à soi) que l’on peut trouver dans une encyclopédie.

Le généalogiste se doit d’être généalogiste, retrouver les individus, reconstituer les familles, trouver les actes et ce qui fait foi de ses recherches, c’est son boulot. Mais le généalogiste doit produire un travail lisible par n’importe quel individu. Il doit alors soit s’associer à de tierces personnes qui feront ce travail, soit devenir lui-même un multi-tâches : généalogiste, historien, écrivain, maquettiste, imprimeur, VRP. L’informatique a tendance à vouloir faire croire que l’on est capable en deux temps et trois mouvements de devenir ce génial homme-orchestre, prêt à tout. Encore une fois, c’est possible, mais quelques formations ainsi que la prise de temps pour comprendre les logiciels que l’on nous propose, me paraissent indispensables

Conclusion

Le miroir aux alouettes de l’ordinateur qui nous aide à tout faire, je n’y crois pas, n’y ai jamais cru et ne sais pas si j’y croirai un jour.

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