Cirtique : Ce serait si simple d’uniformiser

A la lecture d’un de mes magazines préféré de généalogie, je trouve une lettre d’un lecteur faisant des recherches sur ses ascendants et se trouvant, après avoir facilement navigué dans les registres en ligne d’un service d’archives, devant de grandes difficultés face à une autre mise en place dans un autre département. Et sa conclusion est plutôt attristante : « Ce serait si simple d’uniformiser. »

Oui, j’en conviens, si la pensée humaine était uniformisée, si nos comportements, si la nourriture, les boissons, les villes, les langages, les livres, les émissions de télé (encore que là, on y est presque …), etc., la vie serait bien plus simple non ? Uniformisons !

Mais alors, où sera le piment ? La difficulté ? L’intérêt de la variation, de la découverte de nouvelles choses ? Nous vivrons dans un monde plat, stérile, sans intérêt, mais dans lequel nous n’aurons plus aucune difficulté à retrouver ce que nous cherchons. Non merci, ce n’est pas comme cela que je conçois la pratique de la généalogie, de ma généalogie. Sans la difficulté, la variation, les différences, je me sens comme un automate faisant mornement défiler ses ancêtres dans de grands couloirs blancs et sans fenêtres.

Quand je rentre dans un service d’archives, départemental, municipal, privé ou autre, qu’il soit en ligne ou IRL (la vraie vie quoi !), mon premier plaisir est la découverte de ce qui est proposé, comment cela est organisé, ce que l’on va pouvoir y trouver, ou ne pas y trouver. Une manière en quelque sorte d’admirer le papier d’emballage avant de déguster ou découvrir le cadeau. Et si le papier n’est effectivement pas le même partout, le contenu ne l’est pas non plus, ce qui amène à un plaisir grandissant : la surprise ! Je ne suis jamais déçu, quelquefois, je reste sur ma faim …

Et c’est vrai, entre deux archives départementales, même la classification des documents peut être différente ; quoiqu’encore, à ce niveau là, l’uniformisation, ou plutôt la standardisation des classements s’avère commune et l’on retrouve très vite ses habitudes. Idem pour ce que nous trouvons en ligne, et si le petit bouton jaune sur un site est vert dans l’autre, il va falloir faire preuve d’initiative et se lancer tout seul, comme un grand, dans la fabuleuse aventure, au risque de devoir cliquer deux fois de trop (gasp !). Bref, le ridicule ne tue pas, heureusement.

Pour fréquenter tous les services en ligne des archives départementales et autres, j’avoue bien humblement que si je peste après certains moins bien organisés que d’autres, si l’on découvre la mise en ligne des archives du XIIème avant celle du XIXème dans d’autres, si la lenteur catastrophique d’affichage des actes, ailleurs, provoque l’engloutissement d’un carré de chocolat à chaque attente (mort de la plaquette …), il est quand même fort aisé de trouver ce que l’on est venu chercher, quand on sait ce que l’on est venu chercher et ce que l’endroit propose. Car effectivement, si je cherche à trouver le mode d’emploi de ma perceuse chez Marmiton, les difficultés vont surgir et j’écrirai de ma plus belle plume que le site de Marmiton ne vaut rien ; il n’en est évidemment rien, c’est mon livre de cuisine en ligne préféré.

Encore une fois, je conseille à ces explorateurs de la toile, ces aventuriers généalogistes qui partent la fleur au fusil débusquer l’ancêtre au coin des AD en ligne de prendre le temps de comprendre l’endroit où ils sont, ce qu’ils peuvent y trouver et surtout ce qu’ils peuvent ne pas y trouver, ce qui, en généalogie, est tout aussi important. Veillez à connaître et à vous équiper, vous former en fonction de l’endroit où vous vous rendez. On ne va quand même pas avec le même équipement, les mêmes intentions, les mêmes buts au Pôle Nord ou dans la jungle Malaisienne.

Maintenant il reste aussi à ces adeptes du « pré-mâché » et du facile à trouver les sites proposant pour quelques deniers de grandes bases de données dans lesquelles, en tapant simplement un nom dans une petite cas, vous obtenez de grands résultats … société de consommation !

Il y avait une question dans le courrier de notre lecteur, allant bien au-delà de la généalogie, qui vaut son pesant d’or : « Expliquez-moi pour quelles raisons d’une région à l’autre il y a des gens simples et des gens compliqués, aimant la difficulté. » Je ne sais pas si la revue répondra lors de sa prochaine parution, mais le débat risque d’être long ! Personnellement je suis simple, compliqué, aime la difficulté et adore la simplicité quand elle me tend les bras.

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